Joyeux anniversaire, Charles Addams.
Charles Samuel Addams est né un dimanche 7 Janvier 1912, à Westfield, dans le New Jersey, fils du mariage de Grace M. Spears (1879 - 1943) et de Charles Huey Addams (1873 - 1932), ancien architecte naval devenu manager dans une entreprise de réparation ou de fabrication de pianos (?).
Sa famille habitait alors à Summit Avenue et déménagea souvent durant les huit premières années de sa vie, mais finit par se poser au 552 Elm Street de 1920 à 1947. Le jeune Charles s'influença des œuvres de Poe et de Doyle, de ses visites scolaires (avec l'école publique de Westfield) au cimetière presbytérien de Mountain Avenue et des maisons victoriennes du voisinage. Il est dit qu'il fut un jour arrêté pour y être entré par effraction.
Chas Addams est ainsi soupçonné d'avoir croqué un squelette dans son propre garage.
Il diplôma ensuite de la Westfield High School où il avait été l'éditeur artistique du Weather Vane et suivit trois années d'études supérieures de New York en Pennsylvanie, depuis l'Université Colgate de Hamilton, New York en passant par l'Université de Pennsylvanie, Philadelphie jusqu'à la Grand Central School of Art (ainsi que l'intéressant Walter Tandy Murch et Harold von Schmidt, illustrateur de Death Comes to the Hardbishop par Willa Cather) située au centre-ville de New York, où il clama plus tard avoir passé le plus clair de son temps à observer les gens.
En 1932, Charles Addams travaillait à True Detective, pulp magazine créé en 1924 par Bernarr Macfadden (chez qui l'on notera la popkultur-isation de certains comportements et pensées de l'anorexie mentale et leur élèvement à un pied d'estale, ou admirera la trouvaille de nouvelles méthodes de santé, au choix) : il avait pour rôle de retoucher les photographies de cadavres, d'en nettoyer le sang, probablement pour les rendre « moralement publiables », et se plaignait que certains cadavres fûssent plus intéressants avant les retouches.
Ce fut cette année que le New Yorker lui acheta un premier dessin, à un prix de 7$50 et publié le 6 Février (à titre de comparaison, sa première illustration de couverture fut achetée et publiée en 1938 par le New Yorker au prix de 175$), suivi de beaucoup d'autres qui furent publiés dès 1933. Il obtint un contrat en 1935.
En 1942, Random House, Inc. édita Drawn and Quartered (que l'on pourrait traduire par Traîné et équarri ou Traîné et mis en quart), toute première anthologie de ses dessins parus dans le New Yorker ; c'est cette année qu'il rencontra sa première femme, Barbara Jean « Bobby » Day. Il était alors employé par Signal Corps Photographic Center (maintenant Kaufman Astoria Studios) et réalisait pour l'armée des films d'animation d'entraînement militaire.
Barbara et lui-même se marièrent à l'église de Westfield (ou à l'une des églises de Westfield ?) le 30 Mai 1943 (Memorial Day), s'ensuivit une lune de miel au Pierre Hotel sur la Cinquième Avenue après une réception chez sa nouvelle belle-famille.
Trois ans après son entrée dans l'armée, Addams fut libéré du service militaire : il retourna à sa vie et commença à collectionner les vieilles automobiles, achetant une rare Roadster d'Aston Martin de 1933 et une Bugatti bleue de 1929, du même modèle que celle dans laquelle Isadora Duncan est morte (à moins que ce ne soit dans un Amilcar, voir références plus bas).
Ils s'installèrent dans leur nouvelle propriété victorienne, une ancienne remise sur la Westhampton Beach, et achetèrent pour 14 000$ deux parcelles de terre adjacentes à Dune Road, qui s'étirait de l'océan jusqu'à la baie.
Addams illustra une nouvelle de Ray Bradbury parue dans le magazine Mademoiselle (c'est à ça que devrait ressembler un magazine féminin, messieurs-dames les éditeurs, faites quelque chose au lieu de ridiculiser tout un genre), la première d'une série chroniquant la vie d'une famille de vampires, les Elliotts. Ils se rencontrèrent en 1946, ils avaient 34 et 26 ans, devinrent amis et pensèrent à collaborer autour d'un livre relatant la vie complète de la famille Elliott, Addams illustrant et Bradbury écrivant, ce qui n'arrivera jamais ; en 2001, Bradbury, qui ne sait pas s'il écrira jamais de suite aux chroniques des Elliotts, fit publier From The Dust Returned par William Morrow and Company, une romanisation (novelisation) autrement écrite dans un anglais très simple, des nouvelles concernant la famille Elliotts, qui depuis étaient parues non seulement dans Mademoiselle, mais aussi dans le Saturday Evening Post ainsi que Weird Tales.
Il illustra par la suite, en 1950, Afternoon in the Attic, un recueil de nouvelles de John Kobler ; en 1957, l'album Ghost Ballads (depuis tombé dans le domaine public et téléchargeable ici) du chanteur et guitariste folk Dean Gitter, dans un esprit similaire à celui de Murder Ballads de Paul Clayton --par ailleurs, la couverture dessinée par Addams semble être un rapprochement sur la maison représentée dans l'arrière-plan de celle de Murder Ballads.
Il fut exposé pour la première fois au Metropolitan Museum of Art à l'occasion de l'exposition Bresdin and Other Masters of the Weird (Bresdin et autres maîtres du bizarre) en 1952 et réalisa une fresque, un lavis mural, The Addams Family on Holiday pour le Dune Deck Hotel qui fut plus tard offert à l'Université de Pennsylvanie par ses propriétaires.
L'année précédente, soit en 1951, Barbara Day demandait le divorce, Charles ayant refusé à la dernière minute d'adopter un enfant, et ainsi alla la vie. Elle se remaria plus tard au chanteur John Hesley.
Il est intéressant de noter que Charles Addams tenait un journal dit « d'amours parallèles » (paramours ; adultères), mais qui apparemment se portait quelques fois à d'autres sujets, concis dans un petit carnet noir ; l'entrée du jour du départ de Barbara est B. A. Leaves, tandis que celle du jour de leur rencontre est Drafted.
Addams décida d'ajouter un studio de travail à sa propriété d'Hamptons, et sur une parcelle vacante relocalisa une maison de jeu (Playhouse) pour enfant à deux étages depuis son ancienne maison, il y ajouta un vitrail hexagonale, un garage, une coupole et un dock ; au jardin était planté du sumac grimpant, bien encouragé à escalader les murs du petit studio.
Chas se remaria à l'avocate Estelle Barbara Barb (1920 - 2002) en 1954, année de publication de sa quatrième anthologie Homebodies. Convaincu qu'elle essayait de l'empoisonner, ils divorcèrent en 1956 et Barbara Barb obtint par là une partie de sa propriété, 75% des droits d'auteur de son mari, les contrôlant auparavant et l'ayant (toujours auparavant) poussé à lui en léguer d'autres, ainsi qu'à prendre une police d'assurance de 100 000 dollars. Le 11 Décembre 1956, elle se maria au baron Henry Lennox D'Aubigne Hopkinson (1902 - 1996), premier baron Colyton et pris le titre de Lady Colyton, supposément-je car cela sonnait mieux que Barbare à Barbe.
Addams se déclara chanceux. Elle ne voulait pas d'obligation alimentaire ; juste les droits de ses cartoons.
Si l'on considère qu'un divorce et une perte de droits d'auteur sont des évènements malheureux, l'on doit considérer qu'obtenir une exposition de ses œuvres est une bonne chose ; c'est donc en 1956 que se tenait l'exposition Chas Addams’ New York au musée de la ville de New York (Museum of the City of New York), suivie en 1957 par Addams and Anthropology, au musée de l'Université de Pennsylvanie, en 1965 The Dark Mirror à la Fédération Américaine des Arts de la ville de New York (The American Federation of Arts, New York City) et d'une première exposition solo toujours au musée de la ville de New York.
Dans le courant des années 1961 et 1962, en artiste accompli, Chas Addams fit don d'un total de 72 dessins au musée de la ville de New York et reçut, de la part de l'association de Mystery Writers of America, un Prix Edgar Allan Poe spécial récompensant l'ensemble de son œuvre.
Fut publié par Windmill Books, Inc. en 1967 l'un de mes choses préférés de Charles Addams : The Chas Addams Mother Goose ! Il s'agit d'un livre pour enfant, contenant des charades et comptines classiques et traditionnelles, illustrées d'une façon que certains disent décalée, mais personnellement je pense que tous les bouquins pour enfants devraient être un peu comme ça, par, évidemment, Charles Addams. Je dirais que ce sont des illustrations-jeux de mots.
En 1980 et 1983, Charles Addams reçut un des doctorats honoraires de l'Université de Pennsylvanie puis du Southampton College et participa en 1984 à l'exposition A Year at the New Yorker (Un An au New Yorker) à la National Academy of Design, New York City (Académie National de Design de la Ville de New York).
C'est aussi en 1980 que Charles Samuel Addams se maria à Marilyn « Tee » Morris Matthews Miller, mannequin pour l'agence Powers, née en 1926.
Addams tomba la première fois pour elle en 1956 (réglé comme du papier à musique, le type) alors qu'elle était enceinte et mariée depuis 1944 à James Earl Webb (1921 - 1997, selon le wiki werelate.org, mais certaines sources dont la Fondation Tee & Charles Addams semblent affirmer que Tee était veuve au moment du mariage, peut-être ai-je mal compris), dont j'ai lu qu'il était un « vieil ami » --d'Addams ou de Tee ?
Le mariage fut soigneusement préparé et eut lieu dans le cimetière pour animaux de la famille Matthews ; la mariée portait une longue robe noir et un éventail de plumes noires, le mari des lunettes de soleil.
En 1985, le couple déménagea avec ses animaux dans une nouvelle résidence à Sagaponack, qu'ils appelaient « The Swamp » (Le Marécage). Auparavant, Addams habitait New York et Marilyn en campagne (« country ») ; Charles Addams disait de leur relation qu'elle était civilisée (« Je vis dans la ville de New York. Ma femme habite à la campagne. Nous ne nous voyons que les fins de semaine. C'est bien. » ; "I live in New York City. My wife lives in the country. We see each other only on weekends. It's great." )
Addams continua à dessiner pour le New Yorker jusqu'à sa mort, le 29 Septembre 1988. C'était une crise cardiaque.
Il est mort dans sa nouvelle Audi, s'étant parqué devant chez lui après avoir rendu visite à des amis, Frank Modell et James Stevenson.
Tee Addams fit publier The World of Charles Addams, en 1991 et par Alfred A. Knopf, Inc., une compilation de cartoons réunis par elle-même de plus de 300 pages, incluant deux sections en couleurs et un essai biographique. (un essai en mot, non pas une tentative de cartoon biographique)
La même année, elle fit donation de 70 dessins à la New York Public Library qui ouvrit à son troisième étage la Charles Addams Gallery dédiée à une exposition permanente de certains ses dessins.
Tee Addams fonda la Tee & Charles Addams Foundation, localisée dans leur ancienne propriété « The Swamp », mourut en 2002, et c'est ainsi que ce post se termine, car Charles Addams est mort depuis un temps et que c'est une biographie, on ne va pas parler de toutes les expositions qui ont été faites par après.
Ceci dit, Charles Addams: A Cartoonist's Life, de Linda H. Davis, publié chez Random House en 2006 et The Comic Worlds of Peter Arno, William Steig, Charles Addams, and Saul Steinberg par Iain Topliss, publié en 2005 par JHU Press doivent, je suppose, valoir le coup d'œil. (je ne peux pas vérifier car je ne peux pas les lire )
Références et choses intéressantes :
www.charlesaddams.com Tee & Charles Addams Foundation ; localisée dans une aile de la maison des Addams. à voir si vous avez l'occasion de visiter New York !
The Addams Family Loses Its Father, Charles, the Great Cartoonist Who Taught America to Love the Macabre Article de Brad Darrach pour le People Magazine Vol. 30, No. 16 du 17 Octobre 1988.
http://www.werelate.org/wiki/ Un wiki généalogique. J'y ai trouvé plein de dates, de noms et de photos intéressantes. Commencez par une recherche sur Charles Addams.
Matthews étant le nom du père de Tee, sa mère doit s'appeler Alice Miller ou Morris s'ils ont chacun gardé leur nom de famille, sachant que la fille elle-même a gardé le sien plutôt que de prendre celui de son premier mari.
http://www.danshamptons.com/content/hamptonstyle/2008/oct_10/addams.html Très intéressant. Sur toutes ces histoires de mariages.
The Addams Family: The Unusual Life of Lady Coylton, Wife of Baron Henry Hopkins by Dan Rattiner Selon d'autres sources, il s'agit du Baron Colyton. Je vote pour une faute de frappe et un remplacement automatique d'une abréviation type LadyC.
http://www.raybradbury.com/images/video/remarkable_man.html Vidéo en .mov de Ray Bradbury parlant de Charles Addams. Sans Flash. Charge un lecteur dans la page.
http://www.raybradbury.com/images/video/when_iwasachild_8.html Vidéo en .mov de Ray Bradbury où il parle de ses inspirations pour From The Dust Returned. Sans Flash.
http://www.indiebound.org/author-interviews/bradburyray Entrevue écrite de Ray Bradbury sur le même sujet.
« When I saw it I realized he was a kindred spirit so we made plans to write a book together. I was going to do the stories, and he was going to do the illustrations. But time went by and we couldn't find a publisher who would pay a little bit of money to him and a little bit to me to proceed with the book. So he went his way and created the Addams Family and I went my own way and created my family in this book. In a way we're quite similar, except finally we separated and he did his wonderful family and made his television show and motion pictures and here I am now very late in time with a somewhat similar family, but not quite as funny! »
http://hipsterdadsbookshelf.blogspot.com/2009/05/world-of-charles-addams.html Revue de The World of Charles Addams en anglais.
http://learning2share.blogspot.com/2009/01/cartoonist-charles-addams-profiled-in.html Article sur Charles Addams dans le People Magazine de 1976.
http://learning2share.blogspot.com/2008/02/charles-addams-master-of-macabre-1953.html Article du 19 Mai 1953 du magazine LOOK sur Charles Addams.
http://forums.autosport.com/lofiversion/index.php/t9925.html Sur la mort d'Isadora Duncan.
« The confusion started much earlier. In 1927 to be exact. Probably some presspeople thought it would add colour to their story when the killercar was a Bugatti in stead of the much more common Amilcar. In fact the the 1928 book about Isadora "The Untold Story" by Mary Desti -friend and chaperone of Isadora- gave food to the idea that it was not a Bugatti. In her description of the car she mentions staggered seats. As far as I know there is no Bugatti with this seat arrangement. »